« Figue »
2020-2021, extrait
Voici l’histoire de Figue. Figue est une femme bien qu’elle se sente parfois homme, mais aussi chien ou chèvre, parfois granit, parfois cassis ou marguerite.
Et Figue adore une chose et une seule chose : arpenter la forêt. Elle la parcourt de bout en bout, de chêne en frêne et de cèpe en fête. Elle hume les odeurs teintées des feuilles déracinées, se roule dans les herbes gelées du mois de février. La forêt c’est son par cœur, sa chaumière, sa partition. Cette forêt-là dont nous parlons, c’est la forêt de la ville. Parmi les champignons résonnent souvent des moteurs grognons ou le souffle rutilant de quelques avions. On y croise aussi d’autres promeneurs, qui comme Figue viennent chercher ce qui a été tant et si bien repoussé qu’il faut déployer tant et tant d’efforts pour le retrouver : un peu de nature. Bref, c’est une forêt qui ressemble à bien d’autres forêts, ni plus ni moins, rien de très particulier. Mais Figue l’adore, oui ça elle l’adore comme l’aube aime l’aurore.